Marseille a décidé de rejoindre les villes partenaires du Dry January pour 2024 ! À cette occasion, Michèle Rubirola, première adjointe au maire déléguée à la santé, a accepté de répondre à quelques questions.
Pourquoi Marseille a-t-elle décidé de participer à la campagne du Dry January cette année ?
Michèle Rubirola : Médecin, j’ai trop souvent observé les dégâts qu’engendre l’alcool sur la santé physique et mentale. En tant élue, avec la majorité municipale, nous menons une politique de santé publique et de réduction des risques ambitieuse. La ville de Marseille est d’autant plus engagée que le défi de janvier n’est malheureusement pas soutenu par les pouvoirs publics.
Nous adhérons au concept même proposé par le Dry Janary : une campagne populaire qui déconstruit les préjugés sur l’alcool. C’est l’occasion de faire un point sur sa propre consommation et de prendre du recul sur la place de l’alcool dans sa vie, son entourage et la société. L’objectif de cette campagne est de faire de la prévention heureuse, sans culpabiliser ni moraliser les citoyens.
L’arrêt de la consommation d’alcool peut améliorer concrètement notre quotidien : meilleur sommeil, regain d’énergie, meilleure concentration, perte de poids et, à terme, une consommation d’alcool mieux maîtrisée.
Derrière cette campagne de sensibilisation et de prévention il y a un combat politique contre un fléau de santé publique. Sur le plan sanitaire, l’alcool est à l’origine de 49 000 décès par an. Il est la troisième cause de mortalité après le tabac et la pollution de l’air et l’une des premières causes chez les jeunes avec 1 décès sur 4. Sur le plan économique, le coût de l’alcool est estimé à 120 milliards d’euros en 2010. Les taxes sur les alcools rapportent 3,2 milliards d’euros. Cela ne représentent que 37 % du seul coût des soins. C’est une charge financière importante pour l’État.
Le loobying des fabricants d’alcool est très ancien et trouve de l’écoute et du soutien auprès de responsables politiques.
Les collectivités territoriales sont en première ligne face aux conséquences de l’alcool, il est donc indispensable de s’engager collectivement.
Comment la participation de Marseille s’inscrit-elle dans la politique de la ville en matière de santé ?
Notre participation s’inscrit dans une politique globale de réduction des risques menée par la ville. Cette politique publique passe par des actions de prévention, d’accompagnement et de financements de structures et d’associations qui œuvrent sur un ensemble d’addictions qui touchent le territoire marseillais. Après la santé sexuelle et reproductive, le tabac, la sédentarité et l’usage des drogues nous ouvrons un nouveau volet d’actions avec l’alcool et l’addiction aux écrans.
Bien que la santé ne soit pas la compétence directe des municipalités, il est primordial qu’elles utilisent leur fine connaissance du terrain et des habitants pour faire de la prévention et de la promotion de la santé. Par ailleurs nous devons être capable de travailler avec l’ensemble des acteurs et notamment ceux dont c’est une compétence directe. À Marseille, au travers d’outils de coopération légistique, tel que le conseil local de santé ou le conseil territorial de santé, nous agissions en complémentarité et sur des enjeux communs avec l’agence régionale de santé, l’Assistance publique – Hôpitaux de Marseille et la caisse primaire d’assurance maladie.
Quelles actions la ville de Marseille va-t-elle mettre en place pour le Dry January 2024 ?
La feuille de route est en cours d’élaboration, en fonction des besoins et des moyens de la ville et de ses habitants. Notre méthode est toujours la même : observer ce qui fonctionne ailleurs, d’où l’intérêt du collectif des villes partenaires du Dry Janary. Pour cette première année, nous pensons à une communication grand public à l’hôtel de ville, dans les mairies de secteurs et sur les panneaux d’affichage de la ville. Une communication digitale avec une vidéo proposant une recette de mocktail est envisagée. L’idée d’organiser un atelier autour des mocktails dans des institutions publiques à caractère social nous semble être un axe intéressant. Enfin, nous mettrons à disposition de nos partenaires les outils de communication fournis par le Dry Janary. Je pense par exemple à l’association Plus Belle la Nuit qui mobilise un ensemble d’acteurs pour mettre à disposition du matériel de prévention sur les espaces de fêtes.
Et vous, personnellement, allez-vous relever le défi de janvier ?
J’ai mis au défi mon cabinet et mes équipes de réaliser ensemble le Dry January. Ce ne sera pas simple puisque le mois de janvier est occupé par des cérémonies publiques. Mais je suis convaincue qu’ensemble, nous pouvons nous motiver et faire du mieux que l’on peut. J’invite l’ensemble des Marseillaises et des Marseillais à tenter de relever le défi avec nous !